Autrefois bien rangés dans une existence ordinaire, de vieux meubles tombés en désuétude, par la main d’une artiste, retournent aujourd’hui à l’état sauvage…
Sous leur vernis voilé, ils se sont découvert un nouveau style, genre autruche ou zèbre, ils ont changé de peau, se sont mués en reptiles...
Ce chevet, qui gardait dans les fibres de son bois le souvenir poncé d’une autre vie, dans son tiroir, quelque secret - qui sait ? - le voilà qui, d’un air crâne, se la joue guéridon branché punk ! Et ce confiturier gâté, jeté aux oubliettes ? Il se console en cuir blanc tout en conservant, chevillé au corps, le goût des belles et bonnes choses.
Toutes ces étranges métamorphoses s’effectuent, semble-t-il, sous l’occulte magistère d’une certaine Factory…
Ramassés de ci, de là, chinés aux puces ou chez les brocanteurs, les robustes rebuts faits pour durer cent ans font le bonheur du jour de So Posh Factory. Démodés, fatigués, tristes et brisés, elle les recueille avec amour, les restaure avec talent, les relooke avec passion, usant de la patine, de la céruse, de la résine...
Customisés à l’aide de papiers de récupération, d’illustrations anciennes, de cuir ou de tissus, cloutés, ornés de ferrure ou armés de laiton, selon l’inspiration de l’artiste, ces vieux machins déchus s’égayent d’un esprit nouveau, audacieux et décalé sur leurs formes vintage.
Mais qui donc est cette So, capable d’ensorceler d’une vitalité animale les reliefs moribonds d’un ménage dispersé ? Une sorte de sorcière, sans doute. D’ailleurs, dans son atelier, ça sent la céruse et la térébenthine…
On la sait née dans le nord de la France et que son voyage commence en Belgique, où elle apprend l’illustration. Ensuite, So Posh Factory entame une longue initiation, au fil de laquelle quelques maîtres choisis lui révèlent les arcanes de la décoration, de la tapisserie, de l’ébénisterie, de la résine et de la laque de Chine.
En 2012, elle se lance et présente une première collection de meubles relookés aux Jeudis de Nîmes. Intégrée au collectif La Ruche, elle y trouve l’opportunité d’apprendre encore de nouvelles techniques et de participer à Nîmagine 2014. Depuis, elle enchaîne les expositions, notamment sur les salons des métiers d’art, où elle se trouve nommé juriste puis sollicitée pour animer un atelier de luminaires de papier (en 2016).
N’abandonnez pas sur le trottoir l’enfilade de Mamie, la voyeuse de Papy, ni le porte-potiche du grand-oncle pour adopter Älghult ou Vittsjö à la place ! Ce serait dommage de faire ainsi le jeu de la gabegie consumériste quand une artiste de talent pourrait transmuter ce truc honteux en pièce unique et rare, qui ferait la fierté de votre intérieur… Car So Posh Factory saurait trouver pour vous l’impertinence qui convient ou le chic renversant qui vous sied. Classique, baroque ou rock’n’roll, elle sait tout faire et donne avec la même vigueur dans tous les styles.
De même, vous pourriez lui amener ce crapaud, fidèle complice de soirées défoncé. Un peu taxidermiste à ses heures, So le rempaillerait sous une peau de grenouille ou de léopard.
Car, ne l’oubliez pas, c’est une drôle de magicienne. Méfiez-vous de So Posh Factory ! Elle est capable de faire entrer chez vous une jolie table à thé, une innocente poudreuse, à laquelle vous ne saurez résister puis, autour de cette intruse installée dans vos murs, de vous refaire intégralement la déco du salon… et le pire, c’est que vous adorerez !
